Le foot et la magie, malgré tout

Ce qui est sûr, c’est que cette Coupe du monde au Qatar ne laisse déjà personne indifférent. Pas pour les meilleures raisons, hélas… Pointée du doigt dès son attribution à l’émirat il y a dix ans, elle ne cesse de susciter réactions outrées et indignations à travers le monde au fur et à mesure que son coup d’envoi approche, le 20 novembre. En cause : les conditions de travail des ouvriers sur les chantiers des nombreuses infrastructures construites pour l’événement, l’aberration écologique d’organiser une grande compétition dans des stades climatisés au milieu du désert à l’heure de l’urgence climatique, et le peu de considération du Qatar pour les droits de l’Homme.

Mais cette Coupe du monde aura bien lieu. Et plutôt que de répondre favorablement aux idées de boycott (cela n’invisibiliserait-il pas un peu plus les morts sur les chantiers ?), la regarder et en parler est certainement l’occasion de mettre un coup de projecteur sur une situation qui existait en amont de l’attribution de cette organisation au Qatar. Des ONG comme Amnesty International ont d’ailleurs bien l’intention de profiter de cette lumière pour faire avancer leur cause. Surtout, ce n’est pas aux spectateurs ou aux fans de foot qu’il faut s’en prendre, mais aux décisionnaires.

Cette Coupe du monde aura bien lieu. Et malgré le contexte, elle reste un des rendez-vous sportifs les plus importants au monde du fait de son niveau, des acteurs qu’elle réunit, de sa rareté (une fois tous les quatre ans, même si les instances internationales aimeraient y toucher… pas touche !) et de la difficulté de soulever ce trophée si précieux dont rêve tout joueur de football. Sur le terrain, les émotions ne manqueront pas… certains jouent sûrement leur dernière Coupe du monde (Messi, Ronaldo, Benzema, Modrić…), d’autres sont prêts à se révéler aux yeux du grand public (Saka, Bellingham, Gavi…). Le suspense et le doute règnent à l’heure de désigner de réels favoris : le Brésil ? L’Argentine ? La France, l’Allemagne ou l’Espagne ? Une grosse surprise, peut-être ?

Quoi qu’il en soit, au coup de sifflet de chaque rencontre de ce mondial, le ballon reprendra ses droits. Cela n’occultera pas le reste, le contexte, les conditions, la politique. Mais quand une frappe viendra se loger au fond des filets, quand telle équipe nous gratifiera d’une action collective parfaite ou que tel artiste en état de grâce réalisera le geste technique venu d’ailleurs, la magie opérera sur tous les continents de la planète. Elle opère toujours, malgré tout. Il ne s’agit pas de fermer les yeux sur la réalité du football business… simplement de sauver la petite part de rêve et d’enfance en nous qu’il reste à sauver.

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