Précocité, talent et travail

Elle est, incontestablement, la gardienne numéro un de la sélection nationale Luxembourgoise. Du haut de son mètre 80 Lucie Schlimé en impose dans les buts, et pourtant elle n’a que 17 ans… Celle qui a démarré le football très tardivement et qui n’était pas du tout destinée à être gardienne, est aujourd’hui considérée comme l’une des meilleures joueuses du pays.

Lucie a toujours aimé jouer au football, être dehors, s’amuser avec son cousin. Mais elle a dû attendre ses 12 ans pour pouvoir s’inscrire réellement en club et goûter à la compétition, faute d’équipe dans la ville où elle habitait. Le début de son aventure et de ce rêve insoupçonné est arrivé finalement grâce au déménagement de ses parents. Licenciée dans l’équipe des jeunes filles de Steinsel, les débuts de Lucie ne sont pas faciles. La novice ronge son frein sur le banc pendant presque une saison entière où elle ne fera que quelques apparitions sur le terrain… L’année d’après la gardienne de Steinsel annonce son départ et le coach demande alors si quelqu’un est intéressé pour jouer à ce poste : « Jai dit oui tout de suite pour mentraîner avec les gardiennes, car jai compris que c’était la seule façon pour moi d’être sur le terrain à chaque match! » se souvient Lucie avec beaucoup de réalisme. Pari gagnant ! Les deux saisons suivantes, elle se révèle dans les buts et rejoint, à tout juste 14 ans, l’équipe des Dames qui n’était alors qu’en 3ème division.

L’ascension est aussi fulgurante qu’inattendue. La jeune joueuse intègre les détections de la fédération luxembourgeoise de football, sous l’œil avisé de Jean-Marie Noël, l’entraîneur des gardiennes des différentes équipes nationales du Luxembourg, et atterrit en équipe U16 du pays. Deux ans plus tard, elle est transférée à l’entente Itzig/Cebra en Division 1 (où elle évolue toujours d’ailleurs) et intègre l’équipe A de la sélection nationale. Titulaire lors de 22 rencontres sur 26 en club la saison passée, Lucie Schlimé sort d’une belle saison en club, tout comme en sélection. Face à la Belgique, Lucie sortait un match de très haut niveau en encaissant qu’un seul but et fait preuve de très nombreuses parades. Ce n’est pas pour rien qu’elle est surnommée « le chat » ! Elle démarre cette saison de la même manière, en étant en plus la première gardienne luxembourgeoise a participer à des matchs officiels et pas des moindres : les qualifications pour la Coupe du Monde 2023 en Australie et Nouvelle-Zélande. Le sélectionneur Dan Santos l’a aligné sur chacune des rencontres de cette campagne. « Lucie est très travailleuse, elle est très mûre et sait ce quelle veut » affirme le sélectionneur. Sur ces rencontres, la gardienne a fait ce qu’elle avait à faire, et parfois peut-être même mieux. Avec des parades incessantes lors de l’Angleterre ou l’Autriche, elle a eu son rôle à jouer pour éviter une défaite sur un score plus large. Quant à la victoire historique contre la Macédoine du Nord, là encore, la portière a apporté sa pierre à l’édifice pour faire entrer dans les bouquins l’équipe nationale féminine du Luxembourg.

Et ce n’est sûrement pas Jean-Marie Noël, son entraîneur en équipe Nationale qui dira le contraire en l’ayant repérée à 15 ans : « Lucie est une personne très calme, intelligente et qui veut progresser. Malgré ces études elle travaille très dur pendant les entraînements, que ce soit au club ou en sélection. Elle est devenue très mature durant les 2 dernières années et est un pilier sûr de l’équipe malgré son jeune âge ». Et c’est surement là le secret. Lucie a faim d’entraînements. Toujours humble, elle n’est jamais à l’aise pour se décrire mais elle dirait que son point fort est « de rester très calme et de jouer au pied. Ma taille me donne aussi un avantage sur ma ligne » confie-t-elle.

Son but, après ces études, serait d’aller à l’étranger et peut-être devenir professionnelle. Nul doute qu’elle en la capacité. Certains clubs français et belges l’ayant déjà repéré pour intégrer leurs équipes… Une chose est certaine, et ce quel que soit le futur de la portière des Lionnes. Avec cette attitude, ce goût du travail, et cette persévérance, Lucie Schlimé pourrait continuer d’affoler les compteurs et battre tous les records de précocité d’un pays qui n’attend que ça.

Un potentiel qui cache encore une énorme marge de progression. Car la tout juste majeure joueuse ne se cache pas de ses ambitions élevées. Le désir de terminer au sein d’une écurie professionnelle n’est pas cachée, et pour cela, elle est parfaitement consciente qu’il y a encore de nombreux axes d’améliorations pour atteindre son rêve. Jusqu’aujourd’hui, le travail n’a jamais été quelque chose qui la rebute, bien au contraire, et on a du mal à voir tout cela changer dans les années à suivre, tant la détermination de la gardienne est évidence. « L’une des meilleures gardiennes en Europe » d’après Jean-Marie Noel. Une chose est sûre, il y a peu, Schlimé n’était « qu’une » promesse en devenir. Aujourd’hui, avec cette consécration et ce premier Dribble d’Or voté par un jury composé de ses pairs, là voici au rang de grand talent. Déjà.

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